Le Conseil mohawk de Kahnawàke dénonce la désinformation véhiculée par le Journal de Montréal
01/28/2021
Le Conseil mohawk de Kahnawà:ke se voit dans l’obligation de répondre à un texte d’opinion publié dans le Journal de Montréal en date du 26 janvier 2021. Rédigé par Joseph Facal et intitulé « Montréal n’a jamais été un territoire mohawk », ce texte remet en cause la présence historique du peuple Kanien’kehá:ka (Mohawk) sur l’île de Montréal.
S’inspirant des pratiques peu rigoureuses de certains médias, l’auteur ne s’est pas donné la peine de consulter le Conseil mohawk de Kahnawà:ke, la Nation mohawk et/ou un(e) expert(e) en matière de tradition orale autochtone afin de se familiariser avec notre vaste connaissance de l’histoire véridique de notre région. Bien qu’il s’agisse ici d’un texte d’opinion, l’article en question représente néanmoins un exemple flagrant de journalisme médiocre en perpétuant auprès des lecteurs du Journal une lecture erronée de l’histoire. Ce faisant, il contribue délibérément, encore une fois, à discréditer notre Nation et son héritage. Comme il a été dit et redit à maintes reprises depuis nos premiers contacts avec les Européens, la région de Montréal est depuis longtemps un territoire Kanien’kehá:ka, et elle le demeurera, n’en déplaise à ceux et celles qui refusent d’accepter cette réalité. C’est pourquoi nous opposons un démenti formel aux prétentions historiques véhiculées dans ce texte d’opinion.
Nous l’avons signalé par le passé, il est de bon ton dans certains cercles académiques allochtones du Québec de nier la présence historique de la Nation Mohawk dans la vallée du Saint-Laurent en s’appuyant sur la thèse erronée des Iroquoiens du St-Laurent. Cette version de l’histoire représente, à toutes fins pratiques, une reformulation contemporaine de la doctrine du terra nullius (« territoire sans maître ») autrefois utilisée pour justifier l’appropriation des territoires autochtones par les puissances européennes.
Le texte d’opinion en question véhicule ainsi une perversion de l’histoire et tente par tous les moyens de persuader la population québécoise de se dissocier de sa responsabilité dans la dépossession de notre territoire. Ce faisant, il nuit au rapprochement et à la réconciliation entre nos Nations.
Un tel propos a pour effet de contrecarrer les avancées de notre démarche commune puisqu’il n’a pas pour objectif de renseigner la population sur l’histoire, mais plutôt, de nuire à sa compréhension de l’histoire. Il est carrément inacceptable que, de nos jours, notre histoire partagée soit encore soumise à une interprétation sélective et faussée véhiculée par quelques privilégiés.
En guise de conclusion, nous aimerions rappeler à M. Facal et à ceux et celles qui partagent son opinion que les armoiries de la Ville de Montréal arborent l’Arbre de la paix en guise de reconnaissance de la Nation Kanien’kehá:ka à titre de peuple fondateur de la Ville. D’autre part, la mairesse Valérie Plante s’implique activement avec les Kanien’kehá:ka dans le cadre de la Stratégie de réconciliation avec les peuples autochtones de la Ville de Montréal. Ces actions concertées donnent lieu à des avancées significatives et contribuent ainsi à la reconnaissance et au respect de notre histoire commune.
Elles devraient servir d’inspiration à tous, y compris au Journal de Montréal et à ses chroniqueurs. Ses lecteurs méritent mieux.
|